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Compte tenu du mandat qui est celui de Spirale, le magazine ne pouvait, un an après les événements du « Printemps québécois », ignorer les nombreux ouvrages qui lui ont récemment été consacrés. Loin, toutefois, de chercher ici à célébrer ou à commémorer stérilement un événement dont la contemporanéité nous empêche encore de prendre la pleine mesure, les collaborateurs du dossier « Le savoir capital » ont été appelés à réfléchir, à commenter et à penser de manière « engagée » aux fondements mêmes de la crise qui a secoué le Québec. Parmi les problématiques soulevées par la contestation étudiante et appuyées largement par le corps professoral, le refus de la marchandisation du savoir se démarque et apparaît en effet comme le socle sous-tendant tous les autres. Or, à regarder de près l’allure actuelle du débat sur l’éducation — particulièrement dans la foulée d’un Sommet sur l’éducation supérieure qui, malgré la promesse des « chantiers » annoncés, a toutes les allures d’un rendez-vous manqué avec l’histoire —, nous sommes plus que jamais en droit de nous inquiéter. Comme le soulignait Manon Plante dans l’invitation adressée aux collaborateurs de ce dossier, « s’il est urgent de réfléchir au mode d’accessibilité aux institutions d’éducation supérieure (collégiale et universitaire) afin de garantir l’idéal démocratique fondant notre relation au savoir, il importe tout autant de se pencher sur la nature du savoir auquel nous souhaitons préserver l’accès ». Les manifestations étudiantes ont pourtant révélé l’importance de se prémunir contre la gestion néolibérale des universités, comme si celle-ci était encore de l’ordre de la menace, alors que la donne économique dirige et oriente déjà le monde de l’éducation. Sans cette réflexion sur les contenus du savoir, les seules questions de l’accessibilité aux institutions d’éducation et de la gratuité scolaire pourraient bien rater leur cible et ne pas critiquer ce qui cause à la base le « naufrage » (Michel Freitag) du système d’éducation. Est-il besoin de dire combien nous paraît important ce dossier ?
ÉPOPÉE — UN NUMÉRO HORS SÉRIE !
Une fois n’est pas (encore) coutume, mais nos lecteurs et lectrices sont vivement invité(e)s à porter une attention toute particulière aux kiosques et aux tables de leurs librairies préférées. En plus du présent numéro, Spirale a en effet eu l’immense plaisir de publier son tout premier numéro « hors série » ce printemps. L’idée d’ouvrir nos pages à des projets de publication originaux, inédits et audacieux nous souriait depuis un certain temps déjà. Si le site internet du Collectif Radio Spirale et notre collection d’essais aux Éditions Nota bene nous permettent depuis plusieurs années d’explorer d’autres voies comme autant d’extensions du magazine, nous souhaitions aussi pouvoir, de temps à autre, emprunter des chemins qui, sans s’éloigner du mandat et du projet critique qui sont les nôtres, nous conduiraient vers des rivages autrement inaccessibles. Il tombait donc sous le sens que ce soit grâce à notre complicité avec les Éditions Nota bene que nous ayons été en mesure de donner suite au projet que nous ont soumis Érik Bordeleau, André Habib, Hermine Ortega et notre collègue Sylvano Santini. Intitulé Épopée, ce premier numéro « hors série » cherche, à sa manière, à accompagner le projet éponyme : Épopée est en effet un groupe d’action en cinéma formé en 2007 au cours du documentaire Hommes à louer traitant de la toxicomanie et du travail du sexe au masculin à Montréal. Entre 2010 et 2012, le projet déboucha sur la création de films de fiction et documentaires diffusés sur le Web, à deux longs-métrages ainsi qu’à des installations en galerie d’art. Au printemps 2012, le groupe Épopée accompagna le mouvement étudiant dans sa lutte pour l’éducation. Un long-métrage, Insurgence,fut présenté en octobre 2012. Ce « hors série » de Spiralerassemble des textes, des entretiens, des témoignages, des documents, des scénarios, un manifeste, des images, autant de manières de rendre compte des actions du collectif. Aux essais et aux analyses offrant des perspectives et des horizons très divers sur le projet, les responsables du projet ont cherché à mêler la parole des créateurs et des intervenants au sein du collectif, des manuscrits et des tapuscrits bouleversants composés dans les ateliers d’écriture, première étape décisive du projet, et un dossier d’images, sans légende, qui voudrait rendre sensible la continuité et la richesse esthétique de ces œuvres qui reçoivent et transportent le « faisceau de ténèbres qui provient de son temps ». Lancé le 12 avril dernier à la Librairie Le Port de tête, ce numéro « hors série » est maintenant disponible en kiosque, mais nos lecteurs et lectrices peuvent également se le procurer en communiquant directement avec le bureau de Spirale.
SPIRALE DONNE À PENSER
Notre campagne d’abonnement est toujours en cours et nous invitons bien entendu tous ceux et celles qu’intéresse le projet critique du magazine à prendre rapidement connaissance des détails de cette offre sur le site du magazine à l’onglet « Abonnement » (www.spiralemagazine.com) ou sur notre page Facebook (Spirale — Magazine culturel). Notre campagne prend fin le 30 juin prochain.
RENCONTRE ANNUELLE DU MAGAZINE
La Rencontre printanière de Spirale est une tradition que nous maintenons avec plaisir année après année. Si nous profitons toujours de l’occasion pour souligner la parution de notre plus récent numéro et pour annoncer les finalistes du Prix Spirale Eva-Le-Grand, cet événement nous permet surtout de rencontrer nos collaborateurs et collaboratrices, ainsi que tous nos lecteurs et lectrices qui sont aussi conviés à notre petite fête. L’occasion est surtout belle de célébrer et de lever nos verres à la santé de tous ceux et celles qui rendent possible, aujourd’hui, une improbable aventure comme celle de Spirale ; il nous est hélas trop rarement donné de le faire. Cette année encore la rencontre aura lieu à la Librairie Olivieri à la fin du mois de mai ou au début du mois de juin. Pour la première fois cette année, nous y dévoilerons également le/la lauréat(e) du Prix de la critique émergente. La date reste à préciser, mais comme toujours, nous en ferons notamment l’annonce dans les pages du Devoir. Nous vous invitons bien entendu à communiquer avec le secrétariat de Spirale pour nous faire part de votre adresse courriel si vous souhaitez faire partie de notre liste et être tenus informés de toutes nos activités.
« NOUVEAUX ESSAIS SPIRALE »
Deux nouveaux titres paraîtront prochainement dans la collection « Nouveaux Essais Spirale » aux Éditions Nota bene. On attend avec impatience le livre de Robert Richard intitulé Éblouissement. Essai sur l’œuvre de Gilles Tremblay ; il s’agira en effet du premier ouvrage consacré à ce grand compositeur québécois. Notre collègue Guylaine Massoutre, pour sa part, signera un essai intitulé Matière noire. Les constellations de la bibliothèque, livre sur le « rude merveilleux » qui traverse l’expérience de la lecture, de l’écriture et de la naissance.
DANS NOTRE PROCHAIN NUMÉRO
« Le Conseil québécois du théâtre, après les Seconds États généraux du théâtre professionnel en 2007, ne fait que réclamer plus d’argent des pouvoirs publics comme si le système en place (jurys de pairs, etc.) était optimal et ne condamnait pas tout un chacun à l’asphyxie », affirment d’emblée Gilbert David et Yves Jubinville dans le dossier de notre prochain numéro, « Théâtre et société québécoise : une histoire à faire, une institution à repenser » (Spirale, no 245, été 2013). Le théâtre québécois montrerait-il des signes de paralysie ? De quoi est-il au juste le contemporain aujourd’hui ? Ce sont là quelques-unes des questions qui balisent ce dossier auquel plusieurs interlocuteurs et intervenants du milieu théâtral ont été appelés à répondre. Un dossier à ne pas manquer ! Soulignons par ailleurs que notre numéro d’été aura également la chance d’accueillir un portfolio consacré au travail du réputé sculpteur Jean-Pierre Morin, présenté par Françoise Lucbert.
Vivement l’été ! Mais pour l’heure, heureux d’un printemps !