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Les premières pages de ce numéro rendent hommage à l’ami disparu, elles s’ouvrent comme sur les berges tranquilles du fleuve et nous rappellent à la mémoire des soleils rouges de Kamouraska. Là, sans doute, depuis le décès de Pierre L’Hérault, le 8 novembre dernier, se fixe l’horizon de notre perte, comme en témoignent ici Danielle Fournier, Catherine Mavrikakis, Ginette Michaud, Marco Micone, Sherry Simon et nous, membres de Spirale. Ce sont là nos modestes mais sincères témoignages pour celui qui, bien avant que d’être le collègue et le directeur dévoué qui présida de manière si engagée à la destinée de ce magazine, fut avant tout un ami.
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Dans un éditorial intitulé « La troisième critique » (septembre-octobre 2006), le comité de rédaction du magazine rappelait avec insistance combien nous semblait essentielle la « réinscription » des intellectuels dans la polis, leur refusant par là toute position « neutre », « en perpétuel retrait » de la cité. « L’intellectuel », écrivions-nous, « a une responsabilité du dehors […]. Il doit trouver le moyen de participer à ce qui s’appelle l’actualité ». Loin de revenir sur cet « engagement », il nous a semblé pertinent d’interroger les « modalités » de cette inscription, la « médiation » de cette présence dans la cité. Quels espaces les intellectuels peuvent-ils encore investir dans la polis ? Quelle place — autre que marginale, excentrée — est-elle faite à une parole dite critique dans les médias ? Sous l’intitulé « Les médias pensent-ils ? », le dossier que présente en ces pages Martine-Emmanuelle Lapointe se penche sur « la présence de la réflexion intellectuelle dans certains médias » et propose du même souffle « une critique — sévère et lucide — des publications, des émissions de télévision et de radio grand public qui prétendent penser ». Nuancés, loin des diagnostics catastrophiques attendus dans un tel dossier, presque tous les collaborateurs invités par Martine-Emmanuelle Lapointe semblent au contraire conserver espoir « en l’avenir », tout en souhaitant « que la disparition de certaines émissions culturelles dans les médias publics et privés ne soit que passagère ».
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Sous le titre « Le réseau et le préfini », Fabrice Montal présente dans le premier de nos portfolios la démarche artistique de Patrice Duhamel. « Ce que l’on pourrait baptiser la “trilogie des habitats” », écrit Montal, illustre bien ce travail. « Depuis 1996, Duhamel a réalisé trois bandes vidéo où, dans des espaces restreints, l’artiste nous permet de rencontrer des organisations de corps, mâles et femelles, en prise avec les accointances de l’ordre architectural et de la gravité terrienne. » Performeure conceptuelle, Karen Elaine Spencer cherche pour sa part à montrer « la beauté qui se cache sous les faiblesses humaines, dans les valeurs sociales contradictoires et dans la fugacité du temps ». Grâce à la collaboration de Felicity Tayler, le deuxième portfolio du présent numéro contient un entretien du Centre de recherche urbaine de Montréal (CRUM) avec Karen Elaine Spencer, échange dans lequel sont mis en lumière les intérêts mutuels qui ont présidé à leur projet commun : Porteur de rêves (qui s’est déroulé de novembre 2006 à novembre 2007). La composition sonore originale de ce projet est disponible sur le site de Radio Spirale [www.spiralemagazine.com].
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L’équipe de Spirale est très heureuse d’accueillir Sylvano Santini au sein du comité de rédaction du magazine. Collaborateur fidèle depuis quelques années, Sylvano Santini passe son temps dans l’intervalle entre la littérature et la philosophie des XXe et XXIe siècles. Sa thèse de doctorat sur l’appropriation pragmatique de Gilles Deleuze dans la théorie littéraire aux États-Unis représente, en ce sens, l’une de ses plus longues errances. Il se consacre désormais à la lecture et à la discussion avec des écrivains qui, dans leur pratique ou dans leur théorie, allongent la durée de ce battement. En plus de son engagement avec Spirale, il poursuit un stage postdoctoral sur la dimension affective de la critique, donne des charges de cours sur la théorie littéraire dans différentes universités québécoises, mais rêve surtout de faire des petits films amusants à partir de conceptions philosophiques.
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Le dossier du prochain numéro (mai-juin 2008) sera consacré au philosophe Jacques Rancière (sous la direction de Martin Jalbert). Suivront ensuite les dossiers « Écologie et citoyenneté » (juillet-août 2008 ; sous la direction de Christian Nadeau) et « Immigration, justice et diversité culturelle » (septembre-octobre 2008 ; sous la direction de Martin Provencher). N’hésitez pas à nous soumettre des propositions de dossier !
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C’est avec grand plaisir que nous annonçons la publication aux Éditions Nota bene du plus récent titre de la collection « Nouveaux Essais Spirale », La poésie immédiate. Lectures critiques 1985-2005, de Pierre Nepveu. Ce choix d’articles parus dans les pages du magazine constitue un précieux témoignage du dialogue vivant qu’a entretenu Pierre Nepveu avec la poésie au cours de sa longue et riche association avecSpirale.
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ERRATUM — Le travail de révision finale du numéro 218 n’ayant pu être parachevé pour des raisons de bouclage, nous présentons nos excuses aux collaborateurs concernés, ainsi qu’à l’artiste Max Wyse auquel un portfolio était consacré.