Brèves

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Le titre, L’intellectuel dans l’espace public : censure et autocensure, donné par Catherine Mavrikakis et Thierry Hentsch au dossier, suggère l’intellectuel coincé entre la censure et l’autocensure ou plutôt glissant de l’une à l’autre, puisqu’il ne s’agit pas de la censure brutale dont le refus est sanctionné par la prison, la torture ou même la mort, mais de celle qui, à la faveur du droit de « tout dire », expression de Jacques Ferron que commente Patrick Poirier, envahit la pensée sous l’effet calmant de la rectitude politique et de la loi du consensus, sous l’effet hilarant du « juste pour rire »,ou encore sous celui de l’émotion incontrôlée.« Mon âme est mélancolique, acculée au coin d’un millénaire où toute parole me semble du prêt-à-porter », confie Catherine Mavrikakis, alors que Jean-Pierre Ronfard regrette qu’on ne sache plus « ce qui est scandaleux ». Marie-Andrée Lamontagne constate :« Par conséquent, dans l’état actuel des choses, la censure porte moins sur ce qu’il convient ou non de dire que sur l’existence des messagers et de leurs destinataires : où sont-ils? qui sont-ils? pourquoi sont-ils silencieux? pourquoi ces rangs clairsemés? » Nos collaborateurs s’intéressent à ces « clairsemés » à la« conscience inquiète et souveraine », selon la formule de François Paré, sachant, comme l’écrit Michel van Schendel, « déranger le convenable ». Les images sont ici en parfaite résonance avec les textes. Jean-Philippe Uzel n’écrit-il pas que, pour Michel de Broin, « il s’agit de faire résonner les codes de l’histoire de l’art [...] et ceux de l’espace public », et Jean-Émile Verdier que Josée Pellerin « met au travail des apories sur lesquelles sa culture se fonde »?

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Signalons le départ et l’arrivée de quelques collaborateurs. Georges Leroux et Pierre Ouellet quittent le conseil d’administration après de remarquables états de service. Georges est à Spiraledepuis 1987 et y a occupé à peu près tous les postes (entre autres ceux de membre du comité de rédaction, de codirecteur, de membre et de président du conseil d’administration), jouant un rôle de premier plan dans la conception de la revue, sa fabrication, son orientation et ses transformations, avec une générosité et une passion, un sens du rêve et du réalisme qui ont permis à Spirale non seulement de durer mais de s’épanouir. Quant à Pierre Ouellet, son dynamisme et son rayonnement intellectuels ont contribué à la reconnaissance de Spirale qu’il a marquée durablement, entre autres par le renouvellement de son format et surtout la création, aux Éditions Trait d’Union, de la collection Spirale, dont il se retire de la direction après y avoir inscrit dix titres. Pascale Sirard, qui reste cependant membre du conseil d’administration, a voulu être déchargée de la fonction d’adjointe à l’administration, qu’elle a remplie avec une compétence, une amabilité et une disponibilité jamais prises en défaut. Patrick Poirier lui succédera, entrant par la même occasion au conseil d’administration quelques mois après Jean-Michel Sivry. Pour sa part, le comité de rédaction est touché par le départ de Thierry Hentsch. Sa participation a été brève, mais intense (deux directions de dossiers), stimulante et chaleureuse. Nous gardons bien en vue ses préoccupations touchant la dimension culturelle des rapports internationaux. En saluant, non sans tristesse, ce départ, nous souhaitons la plus cordiale bienvenue à Marco Micone, écrivain et traducteur. On connaît la qualité et l’importance de ses travaux - en particulier de sa Trilogia dramatique, de son essai-récit, Le figuier enchanté, et de son poème « Speak What » - et de ses interventions « dans l’espace public », notamment sur la rencontre et le métissage des cultures. Il va de soi que ses intérêts et ses compétences trouvent leur place à Spirale.

Merci à nos collaborateurs, lecteurs et amis. Rendez-vous au lancement du numéro de septembre-octobre (dossier sur le « Conte ») dans lequel seront annoncés les finalistes du Prix Spirale de l’essai. Bon été!