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Il allait de soi — mais cela va-t-il jamais de soi? — que cette livraison de la rentrée soit l’occasion d’une interrogation sur la culture, saisie ici à travers le processus de la « transmission ». La question titre —« Qui a peur des classiques? » — du « Constat » de Marie-André Lamontagne n’est pas que rhétorique : elle vise à provoquer « une réflexion [...] générale sur le rapport aux œuvres classiques sur le terrain de la société québécoise, où la religion a été et est devenue ce que l’on sait » et où « les beaux esprits progressistes qui, après avoir tété et régurgité Aristote, Corneille et Hugo, ont voulu fermer la porte derrière eux en jetant les auteurs classiques à la poubelle avec leur gruau froid de collège, au lieu de s’interroger sur la manière de les enseigner. » C’est aussi de transmission et de mémoire que traite, cette fois par le biais de la tradition orale, source de la Bible et des classiques — est-il besoin de le rappeler? —, notre dossier Paroles contemporaines. Le renouveau du conte. Quel sens donner à l’engouement que connaît le retour de la parole conteuse? Patrick Poirier, responsable du dossier, précise ainsi la question :« Quelle est la place du conte, aujourd’hui, dans l’espace culturel québécois, voire mondial? [...] Cherchant à se maintenir au carrefour de la modernité et de la tradition, quel traitement le conte réserve-t-il au folklore, dont il ne semble parfois émerger que pour mieux s’en distancier? » Nos collaborateurs sont amenés à réfléchir sur les rapports entre le dit et l’écrit, sur le métissage des formes modernes et traditionnelles, sondant les théories et observant les pratiques du conte, dont celle de Jean-Marc Massie, qui se définit comme un « conteur mutagène », un« passeur », celle de Christian-Marie Pons qui suggère à Catherine Mavrikakis ce commentaire : « Dans sa possible caducité, il est aussi synchrone avec notre époque et ses folies, puisqu’il montre que dans notre modernité chronophage qui mastique et bouffe toutes les temporalités, il est possible de trouver des lieux ou des paroles de résistance au discours d’un progrès convenu. » Formellement loin du conte, les œuvres des artistes présentées en portfolio s’en rapprochent pourtant si on les considère sous l’angle du rapport au temps. Nathalie de Blois caractérise la recherche de Patrick Coutu par « l’expression — l’inscription — d’un déroulement, d’une histoire, d’une mémoire à laquelle toute concrétion est irréductiblement liée. » Et Jean-Claude Rochefort voit dans les stries des peaux de tambours photographiées par Pascal Grandmaison « un processus de stratification des gestes répétés moult fois. »
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Nous sommes heureux d’annoncer le nom des finalistes du Prix Spirale de l’essai 2002-2003 : Gérard Bouchard pour Les deux chanoines. Contradiction et ambivalence dans la pensée de Lionel Groulx (Boréal); Véronique Cnockaert pour Émile Zola. Les inachevés. Une poétique de l’adolescence (XYZ éditeur); Hélène Dorion pour Jours de sable (Leméac); François Hébert pourPour orienter les flèches. Notes sur la guerre, la langue et la forêt (Trait d’union); François Ricard pour Le dernier après-midi d’Agnès. Essai sur l’œuvre de Milan Kundera (Gallimard); Régine Robin pour La mémoire saturée (Stock); et Michel van Schendel pour Un temps éventuel. Histoire d’un homme et de plusieurs(L’Hexagone). Le dévoilement du nom du lauréat et la remise du prix auront lieu dans le cadre du Salon du livre de Montréal à une date qui sera ultérieurement annoncée.
Veuillez prendre note que, le 1er septembre, Spiraleemménage au 6742, rue Saint-Denis, Montréal, Québec, H2S 2S2.
Rendez-vous au lancement de ce numéro (lieu et date à préciser). Nous espérons vous voir nombreux à cette fête de la rentrée culturelle. D’ici là, visitez notre site web où vous trouverez les renseignements manquants. Et bonne lecture!