Retour au numéro:
Qu’en est-il du récit contemporain qui, bien que problématique, s’insinue partout, décloisonnant les genres, s’associant aux arts visuels, à l’autobiographie, au cinéma, à la critique, à la poésie, à la psychanalyse, au roman, au théâtre...? Comment expliquer cette présence foisonnante? Est-il tourné vers l’origine, ou tiré par une possible fin, ou cherche-t-il, dans la peur, un passage? Faudrait-il lui appliquer le commentaire qu’inspirent à Jean-Claude Rochefort les tableaux de Christine Major et d’Angèle Verret dont il présente les portfolios : « L’image — toutes les images — ne défilent pas devant nous mais elles se défilent, s’esquivent sans cesse, telles d’insolubles et frustrantes énigmes »? Autant de questions, et d’autres encore — sur les formes que prend le récit, par exemple —, posées par le dossier, Autour du récit, préparé par Danielle Fournier et Stéphan Gibeault. Également dans ce numéro un hommage rendu (p. 48) par Pierre l’Hérault à Jean-Pierre Ronfard, brusquement disparu le 25 septembre.
Nos lecteurs et lectrices noteront qu’avec ce numéro, la rubrique « Constat » disparaît pour être remplacée par celle de « Débat ». Plutôt que d’une disparition, il s’agit en fait d’une renomination plus conforme à l’intention qui amenait, en septembre 2002, le comité de rédaction à donner un statut régulier à la rubrique « Constat ». En la rebaptisant « Débat », nous persistons donc et signons ce que nous écrivions alors :« Il ne s’agit pas d’un hasard, mais d’une décision visant à faire que Spirale soit de plus en plus, selon son mandat, un espace de débats engagés autour d’un objet culturel certes, mais aussi de l’actualité, c’est-à-dire de ces inter ventions et décisions de tous ordres touchant l’aménagement d’un espace culturel, civique, éthique et politique aussi bien au niveau local que mondial. » La renomination de la rubrique appelle évidemment la participation des lecteurs et lectrices, sous la forme d’une proposition de débat ou d’une réaction au texte proposé, selon les règles précisées à la page 4. Sous le titre « Immigration, littérature et société », Marco Micone lance le premier débat. Tenant compte du caractère hétérogène de la société québécoise, il propose que la littérature ne s’y écrit pas« qu’en français », mais qu’elle est « plurilingue et territorialement définie ». Que vous en semble?
Les prix littéraires et en arts visuels remis à l’automne 2003 ont distingué plusieurs auteurs et artistes liés de près à Spirale. À la remise des Prix du Québec, Michel van Schendel, lauréat du prix Spirale de l’essai, et subséquemment du prix Victor-Barbeau de l’Académie des lettres du Québec, pour Le temps éventuel(L’Hexagone), recevait le prix Athanase-David. À la même occasion, la photographe Raymonde April, dontSpirale (no 188) a récemment publié le portfolio, était la lauréate du prix Paul-Émile-Borduas. Pour sa part, le photographe et vidéaste Pascal Grandmaison (Spiraleno 192) a reçu le prix Pierre-Ayot, pour la relève en arts visuels, décerné par la Ville de Montréal. Deux fidèles collaborateurs de Spirale, Pierre Nepveu, membre du conseil d’administration, et Thierry Hentsch, membre du comité de rédaction jusqu’en juin dernier, se sont mérité le prix du Gouverneur Général : le premier — lauréat de ce prix pour la troisième fois —, pour son recueil poétique Lignes aériennes (Noroît); le second pour son essai Raconter et mourir (PUM). Enfin, notre collègue et amie du comité de rédaction, Danielle Fournier, s’est vu attribuer le prix Alain-Grandbois de l’Académie des lettres du Québec, pour ses Poèmes perdus en Hongrie (VLB éditeur). Soulignons en outre que Georges Leroux a été reçu à l’Académie des lettres du Québec. Nos plus chaleureuses félicitations à ces auteurs, artistes et collaborateurs.
À venir, les dossiers Fidélité à plus d’un : Derrida, Celan, Brenner, Cixous, Blanchot (mars-avril 2004, responsables: Ginette Michaud et Georges Leroux);L’architecture (mai-juin 2004, Jean-Claude Rochefort); et La traduction (juillet-août 2004, Marco Micone et Patrick Poirier).
En vous remerciant, chers lectrices et lecteurs, de votre fidélité, nous vous souhaitons une année 2004 bonne et heureuse et espérons que chaque livraison deSpirale vous sera à la fois un plaisir attendu et... une surprise. À bientôt!