Brèves

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Autour de la méditation de Derrida sur la judéité, les responsables du dossier de ce numéro, Ginette Michaud et Georges Leroux, nous convient à une exploration de l’espace diasporique dont ils écrivent que, s’il « est une dispersion [...] la fidélité qui l’accompagne dans ce mouvement d’éloignement est une fidélité à l’unique perdu ». Le titre, Fidélité à plus d’un : Derrida, Celan, Brenner, Cixous, Blanchot, désigne des positions singulières dans cet espace de la mémoire et suggère des rencontres, des dialogues prenant la forme de lectures de l’un par l’autre, de réflexions sur l’ami disparu, le témoin d’un passé catastrophique et d’un avenir à prévenir. Ainsi Leroux pose-t-il la question de la valeur emblématique de« l’être-juif » « [...] il est disséminé, et dans cette dispersion il se pose comme énigme pour un monde qui occulte sa propre dispersion sous les fantasmes du cliché national. » Inspiré par le livre de Frédéric Brenner, dont les images des « terres natales de l’exil » accompagnent le dossier, ce commentaire permet de jeter des ponts entre la méditation derridienne et d’autres méditations, celle, par exemple, de François Paré s’interrogeant, dans La distance habitée, sur « l’existence-charnière [des minorités] au périmètre des cultures dominantes » que lui suggère principalement l’expérience franco-ontarienne, et les images de Sylvie Readman pour qui, écrit Sylvain Campeau, il s’agit « de faire entrer le corps du temps dans l’image et de l’intégrer à sa matière même ».

Par ailleurs, parcourant et encadrant ce numéro, les« livres sculptés et arrangés » de Guy Laramée, selon l’expression de Richard Simas, regroupés sous le titreBiblios : le dernier livre — et n’insistons pas sur la connotation pertinente de ce titre! —, établissent des correspondances entre le dossier et l’inévitable diversité du numéro où l’on retrouvera, entre autres, la philosophe Hannah Arendt, la poète Martine Audet, le dramaturge Enzo Cormann, la romancière Siri Hustvedt, Rabelais, l’artiste Sarkis et la Compagnie Manon fait de la danse.

À lire, sous la rubrique « Débat », le texte provocant de l’homme de théâtre Raymond Cloutier qui se demande — ou constate? — ce que cela veut dire de confier la culture « aux développeurs inspirés », alors que l’on vient de surseoir aux projets promis de donner un toit au Conservatoire de musique et à l’Orchestre symphonique de Montréal, à la troupe de théâtre Ubu et à la compagnie de danse O Vertigo et que l’on abandonne le Festival International de la Nouvelle Danse (FIND). Pour sa part, Sherry Simon y relance Marco Micone (« Immigration, littérature et société »,Spirale no 194) en insistant sur le « rôle de la traduction dans la représentation de la diversité » et en s’interrogeant sur « un discours de la nation qui suppose[rait] encore l’existence de communautés distinctes, à langues uniques ». La rubrique « Débat », appelle, chers lecteurs et lectrices, votre participation. Réagissez au texte de Raymond Cloutier et proposez-nous un débat, selon les règles précisées à la page 4.

À venir, les dossiers Ferron aujourd’hui (mai-juin 2004 : responsables : Pierre L’Hérault et Patrick Poirier); La traduction (juillet-août; Marco Micone et Patrick Poirier); L’amour (septembre-octobre; Catherine Mavrikakis et Jean-Claude Rochefort); Le corps (novembre-décembre; Danielle Fournier et Pierre L’Hérault); et Les enseignements de la culture (janvier-février 2005; le comité de rédaction).

Merci de nous être fidèles et de nous faire connaître autour de vous. Bonne lecture! Et à la prochaine!