Brèves

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Spirale a vingt-cinq ans. C’est en effet en septembre 1979 que le comité de rédaction fondateur (Normand de Bellefeuille, Roger Des Roches, directeur artistique, Gordon Lefèbvre, André Roy, secrétaire de rédaction, Gail Scott, France Théoret et Laurent-Michel Vacher, directeur) faisait paraître le premier numéro du« magazine culturel de Montréal ». Depuis, plusieurs équipes se sont relayées, cherchant à lui conserver, à travers ses métamorphoses et celles de la société, l’acuité critique du regard qu’il porte sur l’actualité culturelle et sociale. Avons-nous réussi? Il nous plaît de constater que souvent dans nos pages la signature de collaborateurs du début — ici celle d’André Roy — côtoie celle de collaborateurs qui, en 1979, quittaient à peine le berceau. Chose certaine, Spirale vise toujours, à devenir ce que souhaitaient ses créateurs : un espace d’échanges intellectuels situé et pluraliste. Merci à celles et ceux qui ont imaginé Spirale, y ont cru, l’ont porté — souvent à bout de bras; à celles et ceux qui, à divers titres, ont travaillé jour après jour à sa fabrication; et à celles et ceux qui l’ont soutenu financièrement ou autrement. Une reconnaissance très particulière à nos collaboratrices et collaborateurs, auteurs et artistes dont les textes et les images croisés engagent le débat avec nos lectrices et lecteurs. À ces derniers que dire, sinon leur rappeler que nous existons pour elles et eux? Comment mieux vous exprimer notre attachement qu’en vous offrant, pour ce vingt-cinquième anniversaire, un dossier sur Les variables de l’amour, dû à l’initiative de Jean-Claude Rochefort qui l’a préparé avec Catherine Mavrikakis? Aux variables de l’amour auxquels réfléchissent les textes répondent en contrepoint les variations des séries d’images de Diane Borsato et de Claude Ferland.

Nous aurions voulu que les célébrations de notre vingt-cinquième anniversaire ne soient placées que sous le signe de la fête. Hélas! elles se doublent d’un deuil qui nous bouleverse : la mort d’Eva Le Grand, notre collègue et amie du comité de rédaction, venue nous surprendre le 7 juillet. Nous la savions pourtant imminente, mais l’extraordinaire vitalité d’Eva et la combativité qu’elle avait manifestée au cours de sa longue maladie nous encourageaient à croire à l’impossible. Fidèle jusqu’à la fin, elle a tenu, même sous les traitements, non seulement à les suivre mais à participer aux travaux du comité de rédaction. Spiraleperd une collaboratrice insigne. Entrée au comité de rédaction en juillet 1995, elle fut codirectrice du magazine de septembre 1998 à juin 2000, d’abord avec Michaël Lachance puis avec Marcel Olscamp. Sa collaboration à Spirale remonte en fait plus avant, au numéro de septembre 1987, où elle propose un texte sur L’art du roman de Kundera, inaugurant une longue série que la maladie viendra interrompre et clore sur... Kundera — dont on sait la place qu’il tenait dans sa pensée —, par la recension (juillet-août 2003) de l’essai de François Ricard, Le dernier après-midi d’Agnès. Sa stature intellectuelle, sa générosité, sa cordialité et... son rire qui faisait entendre son amour de la vie nous manquent et nous inspirent. Eva voulait participer au dossier de ce numéro. Nous le lui dédions en empruntant les derniers mots de la présentation de Catherine Mavrikakis et de Jean-Claude Rochefort :« une crypte / un tombeau / érigé à la mémoire d’Eva ». Nous reparlerons plus abondamment de notre amie dans le prochain numéro de Spirale.

Avec ce numéro, qu’il a codirigé, Jean-Claude Rochefort met fin à sa collaboration à Spirale aux titres de membre du comité de rédaction et de responsable de l’iconographie. Dans la douzaine de numéros des deux dernières années, nos lecteurs ont pu apprécier sa connaissance de l’art contemporain, son professionnalisme et la qualité de sa critique. Nous lui devons la création de la rubrique « Portfolio » qu’il a régulièrement nourrie de ses textes. Son esprit curieux et interdisciplinaire nous ont souvent entraînés, comme ce fut le cas avec le dossier Imaginaires du numérique(janvier-février 2003) sur des voies peu pratiquées jusque là par nous. Nous le remercions chaleureusement en souhaitant qu’il nous conserve sa collaboration.

Si nous voyons partir Jean-Claude avec regret, nous accueillons avec joie Emmanuelle Tremblay au comité de rédaction. Nos lecteurs connaissent déjà cette jeune universitaire par ses articles et le remarquable dossierLa frontière. Récits de l’entre-deux (novembre-décembre 2003) qu’elle a dirigé. Ses articles sur Fuentes, Chamoiseau et Aquin témoignent de ses intérêts pour les littératures d’Amérique. Elle prépare, avec Jean-François Côté, un ouvrage sur les récits de la traversée des frontières dans les Amériques. Ce sont là des préoccupations auxquelles Spirale est très sensible.

Nous sommes heureux d’annoncer le nom des finalistes du Prix Spirale de l’essai 2003-2004 qui sera remis en novembre : Hervé Fischer pour La planète hyper (VLB éditeur); Philippe Haeck pour L’école des ponts jaunes(L’Hexagone); et Guylaine Massoutre pour L’atelier du danseur (Fides).

Nous vous attendons nombreux, chers lecteurs et lectrices, au lancement de ce numéro qui soulignera le vingt-cinquième anniversaire de Spirale. Le lieu, la date et l’heure seront annoncés plus tard.