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D’entrée de jeu, Danielle Fournier et Emmanuelle Tremblay, coordonnatrices du dossier de ce numéro surLa disparition, font référence au lipogramme sans « e » de Georges Perec, dans lequel, commentent-elles, l’« omission de la lettre renvoie à l’inexprimé qui exerce sa fascination. Comment ça se manifeste-t-il dans son absence? ». Ce sont « les différents angles »sous lesquels cette figure apparaît, ses « traits variés »auxquels s’intéressent les collaborateurs du dossier, cherchant à voir comment elle « trahit son appartenance au Temps où s’écoulent, comme dans un vaste entonnoir, les vies individuelles, les paysages, les cultures, l’Histoire (dont certains déclinent la fin), voire l’humanité ». Quand elle prend figure de disparus, estimés ou amis, la disparition cesse d’être une métaphore de l’absence : elle est l’absence. Alors que s’achevait la préparation de ce dossier, disparaissaient au cours de l’été quatre écrivains et intellectuels réputés : Anne-Marie Alonzo, Thierry Hentsch, Gérald Leblanc et Laurent-Michel Vacher. La coïncidence temporelle imposait qu’ils trouvent place dans le dossier Disparition, plutôt que dans une rubrique « Hommage ». Dispersés, mais dans une présentation qui les distingue des autres textes, les mots qui leur sont con sacrés sont pour ainsi dire la scansion de l’ensemble. Catherine Mavrikakis, « dans la colère furieuse », proteste contre la mort de l’ami Thierry, professeur et écrivain, membre du comité de rédaction de Spirale (2002-2003). Louise Dupré trace un portrait senti de l’écrivaine qué bécoise Anne-Marie Alonzo, alors qu’Herménégilde Chiasson parle amicalement du grand écrivain et animateur de la modernité littéraire acadienne, Gérald Leblanc, dont il fut le compagnon de route. Pour sa part, Suzanne Joubert propose un « Testament critique » de Laurent-Michel Vacher, philosophe engagé et polémiste, qui fut, parmi bien d’autres engagements, cofondateur (1979) et premier directeur de Spirale. La liste des disparus amis vient de s’allonger avec la mort de Michel van Schendel (que nous avons apprise au moment d’aller sous presse), lauréat du prix Spirale de l’essai 2002-2003. Les portfolios de ce numéro sont en concordance avec le thème du dossier. Emmanuelle Léonard et Isabelle Hayeur « travaillent », écrit Nicolas Mavrikakis dans sa présentation (p. 57), « sur des formes de disparitions, d’effacements, de suppressions, de gommages, d’oblitérations... ».
Novembre 2005 : 10e anniversaire du référendum sur l’indépendance du Québec « presque gagnant » de 1995. Arrêt sur image obligé! Sous la rubrique « Actualités... débats », trois textes reviennent sur ce référendum, entraînant leurs auteurs à remonter à leurs souvenirs d’écoliers — encore loin donc d’être de la génération des aînés — du référendum de 1980, et les projetant dans l’avenir (proche?), dans l’ima gination du troisième. Chacun à sa manière, Nicolas Lévesque, Nicolas Mavrikakis et Nicolas Houde-Sauvé alimentent notre réflexion et provoquent notre réaction. Et les vôtres, bien sûr. N’hésitez pas à entrer dans le débat!
La remise du prix Spirale Eva-le-Grand et le lancement de ce numéro auront lieu en novembre lors d’un événement dont les coordonnées seront communiquées en temps utile. Plusieurs d’entre vous serez sans doute intéressés à entendre la conférence publique que donnera Jean-Luc Nancy (auquel était consacré le dossier du précédent numéro) à la BNQ le 24 novembre à 18 h. Bonne lecture, et au plaisir de vous revoir bientôt.