« C’est bon signe. La revue Spirale se pose des questions existentielles ces jours-ci », écrit d’entrée de jeu ­Nicolas Lévesque dans sa présentation du dossier de ce numéro : Critique de la critique. La critique, en perte d’autorité. Si, au comité de rédaction, la réflexion sur la critique est toujours sous-jacente à nos travaux, ce n’est que trop rarement, admettons-le, qu’elle devienne explicitement le sujet de nos délibérations, et encore plus rarement une « question » partagée avec nos lecteurs. Bon signe, oui! À l’ère du « tout le monde en parle », de la domination de la culture de masse qui tend à imposer l’idée que « l’autorité, c’est le nombre », qu’en est-il de la fonction médiatrice de la critique? Et le critique, que devient-il? Un « bourgeois gentilhomme qui s’ignore », un « spectateur fatigué »,ayant perdu toute force provocatrice, obnubilé par la phobie du conflit d’intérêt, sorte de perversion de la notion de « distance critique », qui interdit le « penser ensemble »? Ces questions, et d’autres, courent dans ce dossier, en sortent même pour se lancer sur la Toile de l’Internet. Le comité de navigation de Radio Spirale (Nicolas Lévesque, Dominique Garand et Catherine Mavrikakis) annonce en effet la création et la première programmation d’un « modeste projet d’une radio Internet » qui ne propose rien de moins, pour « donner un nouvel élan à la revue », qu’un « voyage dans cette marge fantôme, c’est-à-dire ailleurs que dans l’opposition entre grande culture et culture de masse, dans un lieu où il n’est pas acceptable d’être ennuyeux sous prétexte d’être profond ou intelligent. »

Un portfolio d’œuvres d’Alexandre David, dont l’art, écrit Jérôme Delgado (p. 27), joue sur « de subtils jeux optiques », « [e]ntre le voir et l’entrevoir », accompagne pertinemment le dossier. Le deuxième portfolio, qui présente des travaux artistiques de Raphaëlle de Groot, n’est pas non plus étranger aux préoccupations des auteurs du dossier, puisque, selon Amélie Giguère (p. 46), c’est « la figure de l’artiste et sa responsabilité dans le cadre d’une rencontre avec un public qu’elle remet en question ».

Sous la rubrique « Actualités… débats », Georges Leroux nous soumet une réflexion de fond sur laquelle situer et comprendre l’embrasement du monde musulman à la suite de la publication de caricatures de Mahomet dans un journal danois. « Tout dans cette crise, affirme-t-il, relève d’une logique quasi symétrique de la provocation et rien ne semble devoir être considéré de manière innocente. »

Le dossier du prochain numéro (mai-juin) portera sur les Mythologies (responsable : Pierre L’Hérault). Viendront ensuite : Écrivains anglo-montréalais(septembre-octobre ; Patrick Poirier) ; Terrorisme(novembre-décembre ; Nicolas Mavrikakis et Patrick Poirier) ; Hannah Arendt (janvier-février 2007 ; François Provencher) ; Les théories américaines (mars-avril 2007 ; Sylvano Santini) ; Contre (mai-juin 2007 ; Nicolas Mavrikakis).

Le lancement de ce numéro aura lieu dans le cadre de la fête printanière qui nous permet à chaque fin d’année de réunir collaborateurs, abonnés, lecteurs et amis. La date et le lieu seront annoncés en temps utile. Au plaisir de vous y retrouver nombreux!