À l’occasion du centenaire de la naissance de Hannah Arendt, Martin Provencher propose aux lecteurs de Spirale un dossier qui cherche à faire le point sur une pensée qui, écrit-il, « ne cesse d’interpeller la réflexion morale, légale et politique contemporaine ». Si, comme il le rappelle dans la présentation de cet important dossier, « certaines analyses d’Arendt ont pu choquer en leur temps, plusieurs théoriciens politiques s’inspirent aujourd’hui encore de son œuvre pour réfléchir à la responsabilité collective ». Les textes ici rassemblés témoignent d’ailleurs de l’actualité de l’héritage arendtien et nous sommes convaincus, avec Martin Provencher, qu’ils donneront un juste aperçu « de la puissance d’une œuvre qui célébrait la pluralité et se méfiait de la moralisation politique ».

La parution de ce dossier consacré à Hannah Arendt s’est également révélée l’occasion de revi­siter son concept d’« action » et « de l’induire plus largement au cœur des différentes tendances de la pratique de l’art action (performances, manœuvres, interventions publiques et participatives) ». Pour Sonia Pelletier, qui assume pour la première fois, dans ce numéro, les fonctions de directrice artistique, il s’agissait là d’un « prétexte » « pour mettre en relief des pratiques artistiques […] le plus ­souvent présentées en dehors des institutions officielles ». D’abord et avant tout complice et observatrice des artistes sur le terrain, Sonia Pelletier collabore depuis plus d’une quinzaine d’années avec plusieurs centres d’artistes et périodiques culturels du Québec. Critique d’art et commissaire indépendante, elle se consacre aussi à l’édition d’ouvrages spécialisés en art actuel. Elle nous présente, dans ce portfolio intitulé « Vita Activa-Art Action », le travail de Sylvette Babin, Constanza Camelo, Martin Dufrasne, Les Fermières obsédées, Ioana Georgescu, Julie-Andrée T., Richard Martel et Alain-Martin Richard.

Dans la section « Actualités… débats », Mélikah Abdelmoumen se penche sur « l’épineuse question du complexe du Petit Cousin ». L’auteure d’Alia ­(Éditions du Marchand de feuilles) propose ici une réflexion acidulée sur la réception du « Québec ­culturel » en France et se demande s’il ne faudrait pas y envoyer « une délégation de Petits Cousins pas cousinables, des résistants un peu masochistes, qui feraient passer toutes les œuvres qui ne ressemblent pas à ce qu’on imagine que les Français aiment aimer… ».

C’est avec beaucoup de plaisir que nous accueillons Sandrina Joseph au comité de rédaction. Chercheure postdoctorale au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal, elle s’intéresse principalement aux études féministes, mais touche aussi aux questions queer et aux études culturelles, en plus de se consacrer de plus en plus fréquemment, fait-elle remarquer, dans son travail comme dans ses temps libres, à la culture populaire.

Le dossier du prochain numéro (janvier-février 2007) sera intitulé Fondamentalisme, violence, terrorisme (sous la direction de Georges Leroux et Olga Hazan). Viendront ensuite Les théories américaines (mars-avril 2007 ; sous la direction de Sylvano Santini), Les nouveaux conflits générationnels (mai-juin 2007 ; sous la direction de Nicolas Lévesque et Patrick Poirier) et Les masculinités (juillet-août 2007 ; sous la direction de Sandrina Joseph). N’hésitez pas à nous soumettre des propositions de dossiers !

La saison des prix littéraires tire tranquillement à sa fin et le comité de rédaction aura le plaisir de décerner le prix SpiraleEva-Le-Grand 2006 à l’un des quatre essais suivants :Histoires de fantômes. Spectralité et témoignage dans les récits de femmes contemporains (PUM), de Martine Delvaux ;Braconnages identitaires. Un Québec palimpseste (VLB éditeur), de Simon Harel ; Le temps aboli. L’Occident et ses grands récits (Éditions Bréal/PUM), de Thierry Hentsch ;Condamner à mort. Les meurtres et la loi à l’écran (PUM), de Catherine Mavrikakis. Nous profitons de l’occasion pour féliciter chaleureusement cette dernière dont l’essai vient de remporter le prix Victor-Barbeau de l’Académie des lettres du Québec. Quant au prix Spirale Eva-Le-Grand 2006, l’annonce aura lieu lors de la remise du prix à la fin du mois de novembre. La date et le lieu ne sont pas encore déterminés, mais nous ne manquerons pas de l’annoncer très bientôt dans les pages littéraires du Devoir. Au plaisir de vous y rencontrer !